Comment attirer l’attention de la presse? Les conseils de Sophie Coront-Ducluzeau

Sophie Coront-Ducluzeau, fondatrice de l’agence de communication Matahari.

Durant mes séances de coaching digital, les solopreneurs qui viennent me voir me demandent souvent comment faire pour avoir un article dans la presse quand ils démarrent leur activité ou lancent un nouveau produit. Cela m’a donné envie d’aller à la rencontre d’une experte des relations presse. Sophie Coront-Ducluzeau a créé en 2010 à Paris son agence Matahari, principalement axée sur les secteurs de la beauté et la santé. Elle et son équipe de 8 personnes accompagnent leurs clients, tant sur les relations presse classiques que sur le marketing d’influence (relations des marques avec les créateurs de contenus) et le social media (communication des marques sur les réseaux sociaux).

 

Bonjour Sophie. Tu accompagnes de grosses structures mais également des « indies », de jeunes marques de beauté indépendantes. Quelles sont les spécificités de ces dernières en matière de communication?

Les indies sont très intéressantes car elles bousculent le marché, mais elles sont souvent dans l’urgence. Urgence de développement, de distribution, de visibilité. Elles arrivent avec des exemples précis de réussite : elles aimeraient être aussi présentes dans les médias que Respire et Aime Skincare par exemple. Je leur réponds qu’elles n’en sont pas là, qu’elles n’ont pas la même histoire. Il faut 6 mois minimum pour lancer une communication.

 

La presse suscite donc beaucoup de fantasmes?

Oui. Les jeunes marques rêvent d’être dans Vogue ou dans ELLE. Beaucoup croient qu’elles y arriveront rapidement alors que c’est le graal. Nous les invitons à envisager leur communication de manière plus large.  

 

Comment procèdes-tu quand une jeune marque te sollicite?

Je commence par évaluer son potentiel auprès des médias. Pour avoir une chance d’intéresser des journalistes, elle doit présenter une différence qui répond à un besoin, avec une histoire belle et authentique. Cela suppose un positionnement clair : en quoi ce qu’elle propose est-il nouveau, meilleur, différent (selon un vieil adage l’oréalien mais que je trouve très efficace)?

Si son positionnement est encore flou, plutôt que de se comparer à des concurrents – ce qui est vite déprimant –, je recommande d’interroger ses propres clients. Cela permet de s’extraire de son quotidien, de prendre la hauteur. Ça donne des idées.

Je vérifie aussi la distribution : les produits de la marque doivent être facilement accessibles. Si elle en est encore à l’étape du crowdfunding, mieux vaut attendre avant d’espérer un article.

 

Et une fois que toi et la marque vous êtes « choisis », comment travaillez-vous les relations presse?

Il y a une étape de préparation d’environ un mois et demi. C’est le temps qu’il faut pour prendre connaissance de la problématique de la marque, pour concevoir son communiqué de presse, pour organiser un déjeuner avec un journaliste.

Ensuite, il faut tenir compte des délais de bouclage : le contenu d’un magazine se crée trois mois avant sa parution. Même sur le web, les délais peuvent être longs car certains sujets sont pensés à l’avance. Il faut donc se montrer patient avec la communication « produit ». La communication corporate peut être plus rapide.

 

En attendant, les marques peuvent aussi se tourner vers le marketing de l’influence…

Oui, nous leur suggérons d’investir dans des relations avec des influenceurs (portage et/ou collaboration), d’organiser un événement hors média. Toutes les marques ne l’entendent pas. Il est pourtant plus facile d’aborder la communication de cette manière car les résultats sont plus rapides et l’on peut varier les cibles. Si l’on prend l’exemple d’une marque qui propose une huile pour le corps, elle pourra aborder des jeunes mamans, mais également des sportifs.

 

Quels conseils donnerais-tu à un.e entrepreneur.e qui n’a pas encore les moyens de faire appel à une agence?

Mettre en avant sa singularité et soigner le bouche-à-oreille. Si son produit est bon, si elle développe son réseau de clients, cela finira par attirer l’attention d’un.e journaliste. Pour augmenter les chances de se faire remarquer, elle peut contacter elle-même des influenceuses. Ça ouvrira une fenêtre, car les journalistes surveillent les réseaux sociaux. Elles choisissent leurs sujets en observant les tendances sur Instagram, TiktTok, YouTube. Si une ou plusieurs influenceuses y parlent d’une marque, cela piquera leur curiosité.

Développer son carnet d’adresses est également crucial. Si la marque n’est pas encore en mesure de recourir à un bureau de presse ou à une attachée de presse free-lance, à elle de rechercher les créateurs de contenus et les journalistes qui lui correspondent. Cela passe par un gros travail de veille. Une fois une personnalité identifiée, il est important d’apprendre à la connaître pour savoir comment l’aborder, quoi lui proposer. Bâtir ces relations exige de la précision et du temps.

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