Simon Auscher m’a raconté l’histoire de sa newsletter food

Simon Auscher sous le soleil niçois, où il vit désormais avec sa femme et sa fille. Photo SabatoMagazine

Très présent sur Instagram, le chef de 36 ans a lancé sa newsletter de recettes en février 2023. Avec succès !

J’ai rencontré Simon Auscher en avril dernier. Substack, la plateforme sur laquelle j’écris ma newsletter De beaux lendemains, organisait une soirée à Paris pour célébrer son arrivée en France. Simon était présent, on a sympathisé.

Simon est chef. Formé à l’école hôtelière de Strasbourg, il a fait ses armes à Paris auprès de Jean-François Piège chez Thoumieux, à L’Abeille du Shangri-La, au Richer. En 2015, il a ouvert un premier restaurant dans la capitale (Tannat), puis un deuxième en 2018 (Anna). Mu par l’envie de se réinventer, il les a fermés avant l’arrivée du Covid. Pendant le confinement, il se met à poster sur Instagram des recettes réalisées avec sa fille, Maya, 2 ans à l’époque. Ses vidéos font mouche, son nombre d’abonnés grandit rapidement, pour dépasser aujourd’hui les 450.000 followers.

Simon Auscher. Photo @ilyafoodstories

Début 2023, devenu chef privé et toujours animé d’un sens aigu du timing, il décide d’aller plus loin avec une newsletter de recettes. L’aboutissement d’une discussion avec son épouse, Chloé, elle-même experte en stratégie de communication – elle a fondé son propre studio de conseil, Petit Piment. « J’avais besoin de diversifier mes activités, m’a-t-il expliqué lors d’une interview en visio, quelques semaines après la soirée Substack. Instagram avait décollé, mais c’était gratuit, j’offrais mes vidéos. Il y avait bien la possibilité de faire des partenariats avec des marques, mais celles qui m’attiraient n’avaient pas les plus gros budgets. Et puis je n’avais pas envie d’être influenceur, je voulais rester chef. »

D’où l’idée d’une newsletter payante. En France, le modèle est encore rare, mais de plus en plus répandu chez les Anglosaxons. « Lindsey Tramuta [journaliste américaine installée à Paris] était sur Substack. Je lui ai posé quelques questions, ça m’a décidé. »

Il lance Ceci est une newsletter food en février 2023. Une recette par lettre, le texte aussi soigné que les images – Simon est plutôt du genre perfectionniste. Le résultat est hypnotique : même sans aimer cuisiner, je me laisse embarquer par sa plume alerte et ses photos alléchantes. Dès le départ, il s’impose une cadence de quatre à cinq lettres par mois, mais sans jour fixe : « J’avais quitté la vie de restaurateur car faire tous les jours la même chose m’angoisse. Mon équilibre désormais, c’est de pouvoir décider de mon emploi du temps. Je suis régulier dans la qualité du contenu, mais si j’ai un contretemps, je le rattrape plus tard. »

Une newsletter sur trois est gratuite. Au lancement, le tarif pour recevoir les autres est de 5 euros par mois, ou 40 euros par an (un prix passé depuis à 6€/mois ou 60€/an). Son public adhère : « Au bout d’une semaine, j’avais 1000 abonnés gratuits, grâce à une première newsletter ouverte à tous. Les gens étaient contents d’avoir accès à un nouveau format. »

Les premiers abonnés payants arrivent vite. Il en compte aujourd’hui 300 (sur un nombre total de 7000 abonnés), ce qui lui permet d’engranger 15.000 euros par an. Son objectif est de doubler ce chiffre. « 30.000 euros, c’est déjà un salaire. Ce serait un tapis qui me permettrait d’avoir l’esprit tranquille. Quand tu es indépendant et que ta ressource première, c’est toi, tu redoutes toujours l’accident qui t’immobiliserait plusieurs mois. Avec les revenus de la newsletter, même si je me blesse au ski, je sais que ça ira. »

Simon Auscher.

L’écriture est à la fois ce qu’il préfère et ce qui lui donne le plus de fil à retordre. Sur Instagram, il aborde chaque recette comme un poème. Sa newsletter tient davantage du récit : « J’y développe une histoire, une sorte de journal intime de cuisine. » Il lui arrive de bloquer sur l’introduction. En revanche, ensuite, le processus est fluide : « Je sais cuisiner, j’ai l’expérience, j’y vais à l’instinct. » À l’arrivée, ses romans-photos frappent par leur précision : « J’y apporte une expertise que je n’ai pas le temps d’expliquer sur Instagram. » Entre les courses, la réalisation, les photos, l’écriture, la relecture et la mise en page, chaque newsletter lui prend l’équivalent d’une journée de travail. En dehors de la relecture, il fait tout tout seul.

Quel conseil donnerait-il à quelqu’un qui se lance ? « Ne pas avoir peur. Si la newsletter est payante, sois sûr de la qualité de ton contenu. Si elle est gratuite, ne te pose pas trop de questions. Fais-toi plaisir, tu ne dois rien à personne. À la lecture, on sent quand c’est un plaisir ou quand c’est un business. Ça doit rester plaisant. »

De son côté, rien ne lui fait plus plaisir que de recevoir des messages privés de gens ayant adapté ses recettes. « J’adore quand ils me disent qu’ils ont changé un truc et que c’était réussi. C’est le sujet de Twist, le livre que j’ai sorti l’année dernière*. J’invite à apprivoiser son placard et à faire à sa sauce. Cuisiner, c’est s’approprier une recette. Si la tienne est meilleure, c’est que j’ai bien bossé. »

Retrouvez Simon Auscher sur son compte Instagram et sur sa newsletter.

*Twist : ceci est un livre de recettes pour ceux qui n’aiment pas les suivre, éd. Hachette Pratique.

Simon Auscher. Photo SabatoMagazine.

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