J'ai un nouveau site web

Photo Laurence Revol

Quelle aventure !

« Bravo, on est chez toi », m’a dit Charlotte Moreau hier après être allée voir mon nouveau site internet. Son compliment avait une saveur particulière : avec Charlotte, on se suit depuis la naissance de nos blogs respectifs dans les années 2000. On a vécu beaucoup de choses ensemble, jusqu’à la perte des dits blogs dans l’incendie d’OVH, notre hébergeur. On est également unies par un même goût pour la mode et l’écriture. À l’écoute de son message, je me suis dit « Voilà, la boucle est bouclée, ton nouveau site marque un retour aux sources ». Mais avant cela, que d’étapes a-t-il fallu franchir !

Je ne sais plus quand le besoin d’un nouveau site a commencé à se faire sentir. Le précédent, simple et esthétique, m’a longtemps suffi. Instagram et cette newsletter constituaient mes terrains de jeux. C’est l’accumulation des replays de mes ateliers qui m’a obligée à voir la vérité en face : il me fallait une boutique en ligne où les présenter. Mon site précédent, bâti sur Wordpress, n’avait pas vocation à assurer cette fonction.

Début 2023, je me suis saisie du dossier, pleine de bonne volonté, convaincue de pouvoir m’en sortir seule. Des amis m’ont conseillé la plateforme Podia, pensée pour héberger des cours en ligne. J’ai passé des jours entiers à essayer de comprendre la logique du truc. En vain. Devant, j’étais comme une poule qui a trouvé un couteau, aussi bloquée qu’en prépa face à un exercice de maths. J’aurais pu aller voir des tutos, mais mon cerveau a beaucoup de mal avec les tutos.

Au bout de plusieurs mois de cafouillages et de procrastination, j’ai admis que je ne pouvais échapper à un vrai site, conçu par des professionnels, que cela constituait un investissement conséquent mais nécessaire, bref, qu’il était temps de me comporter en adulte. Cette étape peut paraître logique. Elle ne l’était pas pour moi, qui ne suis indépendante que depuis trois ans et demi et qui viens de l’univers des blogs, où aucune compétence technique n’était nécessaire. « Avoir son site » me paraissait trop pour moi : trop d’ambition, trop de travail, trop d’argent. Heureusement, une réflexion globale sur ma stratégie d’entreprise, elle aussi amorcée en début d’année, m’a permis de dépasser ces freins.

Je n’étais pas au bout de mes peines pour autant. À qui allais-je confier la réalisation de ce fameux site ? Une même personne saurait-elle en concevoir le logo, la charte graphique, l’architecture ? J’avais très envie de travailler avec une illustratrice, mais je rêvais aussi d’exprimer mon univers à travers l’œil d’une photographe. Et quelle plateforme allais-je choisir ? Le champ des possibles était trop vaste.

Mes recherches se sont affinées au fil du temps et des discussions. Comme pour la quête de notre maison à Montélimar, mes critères n’ont cessé d’évoluer. Quand finalement mon chemin a croisé celui de Laurence Revol et de Delphine Linval, j’étais prête. La première est une photographe ultra talentueuse, dont j’admirais déjà la patte délicate et punchy chez Make My Lemonade. La seconde, via son studio Les Acajoues, avait conçu des sites clairs et esthétiques qui m’inspiraient confiance. Squarespace, la plateforme sur laquelle elle travaille, semblait suffisamment fiable et bien pensée pour que je puisse me débrouiller seule dessus, une fois le site livré.

Pourtant, même avec elles, le chemin n’a pas été simple. Au mois d’août, la veille de son arrivée chez moi pour notre journée de shooting, Laurence m’a appelée pour faire le point. D’habitude si sérieuse, je n’avais rien préparé. Mon inconscient bloquait. J’ai compris pourquoi les jours suivants : comme je vous l’avais raconté dans une précédente newsletter, je craignais son jugement. Concevoir un site qui vous met en scène implique d’étranges jeux de miroirs.

Avec Delphine, je me suis découvert d’autres résistances. J’avais très peur qu’elle ne comprenne pas ce que je voulais. Ce qui aurait été normal : je ne le savais pas moi-même ! Je redoutais tellement son interprétation de mes souhaits que je laissais parfois passer plusieurs jours avant d’oser ouvrir ce qu’elle m’envoyait. De mon côté, j’avais toujours des choses plus urgentes à faire que de rédiger mes textes. On n’imagine pas le boulot d’écriture qu’un site représente, surtout quand il s’agit de parler de soi ! Je suis pourtant habituée à me raconter, ici ou sur les réseaux sociaux, mais sur un site la finalité, la distance, le ton sont différents.

Enfin, il y a quelques semaines, les choses se sont enclenchées. Sortie du tunnel de la rentrée, rassurée par les avancées de Delphine, portée par les clichés de Laurence, j’ai fait de ce dossier ma priorité absolue. Deux ans pile après ma première masterclass, il était plus que temps d’offrir un écrin adapté à mes cours.

Alors seulement, j’ai réalisé que ce site serait plus qu’une boutique en ligne. Que j’avais envie de l’investir comme une vraie maison. Qu’il y avait là suffisamment de place et de fonctionnalités pour y ranger mes archives et pour en faire un nouveau territoire d’expression. Quelle forme cela prendra-t-il ? Laissez-moi déballer mes cartons… et on en reparle.

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